Riverain.es du jardin d’Éole et professionnel.les du secteur en discussion sur les enjeux liés à l'usage de drogues dans l'espace public

Réunion publique – Toxicomanie : “Quelles solutions pour retrouver la tranquillité dans nos quartiers?”

REUNION PUBLIQUE – TOXICOMANIE

“Quelles solutions pour retrouver la tranquillité dans nos quartiers?” 

10 juin 2021

Par Emilie P., responsable de circonscription


Depuis maintenant plus d’un mois la préfecture de police a décidé, avec l’aval de la Mairie de Paris, de “parquer” les usagers et usagères de drogue dans le jardin d’Éole jusqu’à 1 heure du matin. Une décision qui s’inscrit dans la stratégie gouvernementale depuis 4 ans, déplacer le problème sans le traiter. Après la porte de la Chapelle puis la place Stalingrad, c’est donc désormais le jardin d’Éole qui est devenu le symbole de l’échec des exécutifs locaux et nationaux.

Chaque mercredi les habitant·es se rassemblent rue d’Aubervilliers pour porter leurs revendications légitimes : retrouver l’usage de leur parc en toute sécurité et que des solutions pérennes soient trouvées pour accompagner dignement les usager·es de drogues. Ce jeudi 10 juin, Danièle Obono leur a proposé de se retrouver dans ce même parc pour ouvrir un temps d’échanges sur les solutions à apporter pour retrouver la tranquillité du quartier.

Une cinquantaine de habitant·es ont ainsi pu engager une discussion animée et constructive, avec des professionnels du secteur de la toxicomanie et des riverain·es de la salle de consommation à moindre risque de Lariboisière pendant près d’une heure et demie.

Assez rapidement, des questionnements émergent sur la pertinence de création de  Salles de consommation à moindre risque dans le quartier, dispositif qui suscite pour de nombreux.ses riverain.es une source d’inquiétude voire d’opposition. Réponse de Cécile Dumas, membre du Collectif parents SCMR 75: “Nous ce qu’on a constaté c’est qu’il faut un réseau. Pas forcément de grosses structures mais plusieurs qu’il faut effectivement répartir.” Au-delà de ce constat d’un besoin de multiplier les structures à tailles humaines et aux objectifs complémentaires (salles de consommation, hébergement, structures de soins) elle revient sur ce que leur a apporté la Salle de Lariboisière: “Récemment, on a eu un problème avec un usager, on a demandé à Gaia de venir. Et eux c’est leur métier. Il y a des éducateurs, des infirmier.es. Le fait que la structure soit là, c’est aussi un avantage parce qu’on a un interlocuteur et qu’il apporte des solutions concrètes.”

Thomas Dussouchet, directeur adjoint de Gaia confirme que les relations avec le commissariat du 10ème arrondissement sont bonnes et que leur travail est complémentaire : leurs équipes interviennent là où une réponse policière n’aurait pas d’efficacité. Et Marie Debrus, référente réduction des risques liés aux usages de drogues auprès de Médecins du monde, de confirmer que la réponse répressive à l’encontre des usagers n’en est pas une : “Ca n’est pas en punissant les consommateurs qu’on va les empêcher de consommer, ca ca ne marche pas. C’est un fait. Les punir ne participe qu’à les stigmatiser.” Un représentant de l’association des usager.es de drogues a d’ailleurs fait le déplacement et rappelle face à une assemblée attentive ““qu’il ne sont pas des animaux”” et invite les riverains à  ne jamais oublier leur humanité. Applaudissements. Personne dans l’assemblée ne semble vouloir l’oublier.

Une riveraine s’interroge : ces salles de consommation à moindre risque participent-elles réellement à venir en aide aux usager·es ? Aider à consommer suffit-il ? Thomas Dussouchet rebondit, et insiste sur les différents rôles de ces salles qui au-delà d’offrir un espace de consommation “sont une articulation avec les dispositifs de soin. C’est-à-dire que les personnes qui souhaitent entrer en traitement peuvent facilement accéder à du soin, à des hospitalisations, à du soin en psychiatrie. Ces dispositifs fonctionnent donc de manière intégrés”.

Et c’est là que le bas blesse. Tous les acteurs-trices présent.es s’accordent à dire que si ces dispositifs apportent des résultats probants, ils sont trop peu nombreux et ne disposent pas de suffisamment de moyens : “L’hébergement manque, l’accompagnement psy manque, il faut qu’il y ait plus de structures”, constate Pascale Kazian, riveraine de la Salle de Consommation de Lariboisière. Le directeur adjoint de cette salle ne dit pas le contraire et insiste sur le volontarisme et le courage politique que nécessitent une véritable politique de réduction des risques : “Ces dispositifs ont été imaginés, suite à de grandes scènes ouvertes de drogues assez dramatiques en Suisse. au moment de l’explosion du VIH. Ce sont des choix politiques qui ont été menés et ils en ont récolté les fruits au bout de nombreuses années. Mais il faut s’imaginer un travail qui s’inscrit dans la durée.”

Si de nombreux·ses habitant·es présent·es semblent s’accorder sur la nécessité d’accompagner les usager·es dans un parcours médico-social, beaucoup s’interrogent sur leur efficacité au vu de la facilité avec laquelle ils et elles se procurent du crack. La question des trafics se pose. Danièle Obono rappelle la nécessité de lutter contre ces trafics, mais pas n’importe comment : “Mettre des gens en bleu, même si ça apaise un peu, c’est rester à la surface. Les officiers de police le reconnaissent d’ailleurs, c’est pour les caméras. Le travail de fond est moins visible mais c’est dans ces investigations, dans le recrutement d’officiers de police judiciaire qu’il faut mettre les moyens.” L’occasion pour la députée de rappeler que le groupe de la France Insoumise  présentera prochainement une loi portant sur une lutte efficace contre les trafics de drogues. Une loi complémentaire à celle qui sera proposée par Danièle Obono elle-même, visant à engager une politique globale de réduction des risques qui inclut de nombreuses solutions expérimentées par les professionnel·les présents à cette soirée et qui doivent être élargies et renforcées.

INTERVENTIONS DE DANIÈLE OBONO AUPRÈS DES AUTORITÉS LOCALES & NATIONALES  

  • Courrier à Jean Castex, 4 juin 2021 : à lire ici.
  • Communiqué, 5 mai 2021 : à lire ici.
  • Question orale à la ministre Bourguignon sur la situation dans le 19e arrondissement, 4 mai 2021 : à voir ici.
  • Courrier à Anne Hidalgo et alii, sur l’urgence sanitaire et sociale à Charles Hermite (18e), 23 octobre 2019 : à lire ici.
  • Interpellation d’Agnès Buzyn, ministre de la santé et des solidarité, lors des débats du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, sur la crise sanitaire et sociale liée à la consommation de drogue dans le nord-est parisien, 26 octobre 2018 : à voir ici.
  • Lettre à Agnès Buzyn, ministre de la santé et des solidarités, sur l’urgence d’un plan de réduction des risques liés à l’usage de drogue, 24 septembre 2018 : à lire ici.

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