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Billet – Quartier (18e) : solidarité avec les habitant∙e∙s et les migrant∙e∙s de la Chapelle-Pajol !

Billet initialement paru sur “Le Club”, l’espace de libre expression des abonnés de Mediapart ici.

Le quartier de la Chapelle-Pajol (Paris 18e) a fait l’objet, il y a une dizaine de jours, d’une soudaine et forte attention politico-médiatique après que la pétition mise en ligne par deux associations locales et dénonçant le harcèlement de rue subi par des habitantes du quartier a été relayée dans une série d’articles de presse. Le battage médiatique a aussitôt attiré quelques volatiles politiques qui y ont débarqué, un après-midi, tambour battant, pour condamner et stigmatiser toute une population, à grand renfort de raccourcis démagogiques, avant de s’en retourner à leurs petites affaires. Dans tout ce brouhaha, les riverain∙e∙s qui réfutaient les clichés sur leur quartier ont eu bien du mal à se faire entendre. Pourtant, une écoute un peu attentive, une recherche un peu fouillée et une analyse un peu fine des faits et du contexte auraient permis de mettre en lumière des réalités plus complexes, globales, et moins caricaturales qu’il n’y paraît.

Lutter PARTOUT contre le harcèlement de rue

Le harcèlement de rue est un problème trop important pour permettre qu’il soit instrumentalisé de manière éhontée à des fins électoralistes et sécuritaires. C’est un phénomène massif qui s’inscrit dans un contexte plus global d’atteintes et de réduction des droits des femmes. Selon les chiffres de l’enquête « Enveff », ce sont environ 2,5 millions de personnes qui sont victimes chaque année de harcèlement sexuel dans l’espace public en France. Les victimes les plus touchées par ces violences, qui vont de l’insulte aux agressions physiques, sont souvent des personnes jeunes et/ou vulnérables : non diplômées, précaires, chômeuses, femmes isolées, migrantes…

Le harcèlement de rue est la démonstration du sexisme, du non-respect des femmes au quotidien, dans sa forme la plus ordinaire et la plus acceptée. Par son caractère diffus et accepté, il installe et consolide une discrimination qui en alimente d’autres. Le harcèlement et les agressions sexistes sont présents partout, des grandes villes aux zones rurales en passant par l’Assemblée nationale. Ces pratiques doivent être combattues avec la même énergie et la même volonté, quels que soient le profil du harceleur et le lieu concerné.

En tant que femme, habitante d’un quartier populaire voisin, militante pour l’égalité des droits ayant participé à la création d’une association de lutte contre le harcèlement de rue, c’est donc bien évidemment que je soutiens sans réserve les femmes, toutes les femmes, résidentes, visiteuses et migrantes, victimes de harcèlement dans le quartier de la Chapelle-Pajol. Et, en tant que candidate à l’élection législative pour la France insoumise dans la 17e circonscription de Paris, je m’engage à défendre les propositions d’associations comme « Stop harcèlement de rue » qui préconise des interventions ciblées principalement autour de deux grands axes : l’aide aux victimes, notamment dans leurs démarches judiciaires, et un travail d’éducation et de sensibilisation du grand nombre sur le terrain.

Le harcèlement de rue n’est pas une fatalité. Nous pouvons tou∙te∙s agir contre ce fléau, faire changer les mentalités et les comportements. En refusant collectivement de le tolérer, en travaillant avec tou∙te∙s les habitant∙e∙s, les commerçant∙e∙s, les associations, etc., on peut refaire de l’espace public un espace qui appartient à toutes et à tous, un espace de liberté et de tolérance. C’est l’action que serait en mesure de mener le grand commissariat à l’Egalité que la France insoumise propose de créer, pour agir nationalement, à partir d’une loi-cadre mobilisant tous les acteurs et toutes les actrices de la vie urbaine et prenant les problèmes à la racine y compris au sein des institutions publiques.

Urgence sociale, écologique et démocratique

Au harcèlement de rue auquel sont confrontées les habitantes de la Chapelle-Pajol, dans et en dehors de leur quartier, s’ajoutent les nombreuses difficultés qui touchent l’ensemble de sa population. Les politiques successives de relégation économique, sociale et politique ont produit d’incroyables dégâts. Au sein des quartiers populaires, les conditions de vie ne cessent de se dégrader.

Le quartier de la Chapelle souffre dès le départ d’importantes coupures urbaines (voies ferrées gare du nord et de l’est, métro aérien, large axe routier de la rue Marx Dormoy/la Chapelle…) qui sont autant de sources de nuisances sonores et de pollution. La population (38 800 habitant∙e∙s) y est majoritairement modeste, avec des secteurs où près de 1/3 des habitant∙e∙s vit sous le seuil des bas revenus (32 % contre 11 % dans Paris). S’il connaît une forte vitalité démographique (1 habitant∙e sur 3 a moins de 25 ans, le taux de natalité y est supérieur à la moyenne parisienne), l’échec scolaire est particulièrement fréquent, avec de nombreux et nombreuses jeunes en inactivité, ni dans l’emploi, ni dans les études. L’habitat, souvent composé de petits logements inconfortables, est globalement de mauvaise qualité. Le chômage y est élevé (autour de 14 %), les services publics y sont réduits à la portion congrue, l’offre commerciale peu développée.

Enfin, depuis les démantèlements des campements de fortune sur l’avenue de Flandre, sous le métro aérien et sur l’esplanade Nathalie-Sarraute, des dizaines de migrant∙e∙s, hommes, femmes et enfants, abandonné∙e∙s par les pouvoirs publics, y errent sans but et à la merci des réseaux mafieux. Le harcèlement de rue, dans ce quartier, comme en témoignent riverain∙e∙s et militant∙e∙s d’associations, c’est aussi celui de la police envers ces personnes étrangères, démunies de tout, et envers celles et ceux qui les soutiennent, au jour le jour, associations ou collectifs, par des distributions de nourriture ou de vêtements, en les orientant vers les permanences juridiques, centres de soin, services administratifs, en leur dispensant bénévolement des cours de français ou en les hébergeant quelques nuits.

Quartiers populaires, quartiers solidaires !

La situation que vivent les habitant∙e∙s et les migrant∙e∙s du quartier la Chapelle-Pajol, est indigne d’une ville et d’un pays parmi les plus riches et développés au monde. Elle alimente les frustrations et les ressentiments, favorise le délitement du lien social et citoyen, le rejet des autres et les tensions au sein de la population. Il est urgent de mener une politique qui relance l’activité et promeuve un développement urbain socialement juste et écologiquement soutenable.

Les quartiers populaires sont des territoires jeunes et dynamiques, qui fourmillent de lieux de création musicale, chorégraphique, en arts plastiques ou en littérature, où s’invente chaque jour, malgré les coûts terribles du chômage, de nouveaux modèles d’économie sociale et solidaire, où les associations (re)créent des liens et fabriquent de l’émancipation, où des citoyen∙ne∙s sont souvent à la pointe de la lutte contre les discriminations, pour une société plus juste et solidaire à l’heure où tant d’autres renoncent et se replient sur des illusions sécuritaires et identitaires.

Au contraire de ces irresponsables politiques qui n’ont eu de cesse de traiter les quartiers populaires comme un problème à gérer à moindre coût, la France insoumise propose dans son programme L’Avenir en commun une réponse globale et concertée, avec des moyens financiers investis à hauteur des besoins et une obligation d’évaluation et de résultat pour chaque dispositif. Tous et toutes, dans les quartiers populaires, nous voulons bien vivre : avoir un emploi et des revenus stables, des services publics de qualité, l’accès aux soins, une bonne retraite, l’égalité des droits, la même justice pour tou∙te∙s, un environnement sain, un habitat et un cadre de vie agréables.

À la Chapelle-Pajol comme dans tous les quartiers populaires, mobilisons-nous, ensemble, contre les violences sexistes et xénophobes, pour que viennent les jours heureux et le goût du bonheur.

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