Question écrite : Financement des ateliers sociolinguistiques
06 février 2018
Mme Danièle Obono attire l’attention de M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur, sur le rôle crucial et le financement des ateliers sociolinguistiques (ASL).
Les ateliers sociolinguistiques sont des formations de proximité qui, par leur approche de mise en situation sociale et thématique, diffèrent des cours de français. En effet, on y apprend, en plus de la langue française, les codes et savoirs socioculturels qui permettent aux personnes d’évoluer en toute autonomie dans la vie. Cela leur permet ainsi de s’impliquer pleinement dans la vie citoyenne et de prendre part au bon fonctionnement de la société, des institutions et des services publics. Les associations disposant ces ateliers font de l’accueil inconditionnel une de leurs valeurs fondatrices. Elles sont attachées au fait d’accueillir toutes les personnes qui passent leurs portes, quels que soient leur nationalité, leur origine et leur durée de séjour sur le territoire français.
Or, depuis 2015, cet accueil inconditionnel est directement remis en cause par une restriction du champ du public aux étranger·e·s primo-arrivant·e·s décidée par le ministère de l’intérieur. En effet, l’État français participe au financement des ateliers linguistiques portés par les structures de proximité, via notamment les fonds de l’action 12 du budget opérationnel du programme (BOP) 104 « Intégration et accès à la nationalité française ». C’est via ce financement que le ministère de l’intérieur a établi un périmètre d’intervention qui ne permet pas l’ouverture des ateliers sociolinguistiques à tous les publics mais qui les limite aux primo-arrivant·e·s extra-européen·e·s, en situation régulière, ayant signé un contrat d’intégration républicaine.
Cette politique restrictive a pour effet d’exclure des dispositifs d’apprentissage les non-primo-arrivant·e·s désirant perfectionner leur maîtrise de la langue, mettant ainsi en péril la cohésion sociale. En effet, il ne saurait y avoir de politique d’intégration efficace qui s’arrête aux seul·e·s primo-arrivant·e·s. Le 12 janvier 2018, le député de la majorité M. Aurélien Taché, en charge d’un rapport sur l’intégration, a annoncé qu’il faudrait au minimum doubler les heures d’apprentissage du français pour les primo-arrivant·e·s ayant signé un contrat d’intégration républicaine mais n’a pas fait de déclaration quant aux personnes ne maîtrisant pas notre langue et ne relevant pas de ce dispositif.
C’est pourquoi elle lui demande de détailler les mesures et financements que le Gouvernement envisage de mettre en place pour que les accompagnements linguistiques s’adressent à tous les publics qui en ont besoin. Elle souhaite qu’il précise quelle politique l’État entend mener pour permettre aux structures disposant des ateliers sociolinguistiques de continuer à remplir leur mission d’accueil inconditionnel, afin de permettre que toute personne qui désire apprendre le français puisse le faire, quelle que soit son origine, son statut ou sa date d’entrée sur le territoire, donnant ainsi à notre langue la chance d’être pour chacun·e un outil de cohésion sociale.