Question au gouvernement – Guadeloupe
Il faut des mesures à la hauteur de la grave situation
20 juin 2018
Question de Danièle Obono au gouvernement sur la grave crise sanitaire que traverse la Guadeloupe, le 20 juin 2018
Le texte de la question à Mme la ministre des Outre-mer.
Le département de la Guadeloupe vit depuis des années une crise sanitaire. Cette crise est le résultat de décennies de relégation. C’est une rupture intolérable d’égalité entre les Outre-Mer et la métropole.
Les exemples sont nombreux. Je ne m’en tiendrais qu’à quelques uns de ceux qui m’ont été rapportés lors de mon déplacement sur l’île en mai dernier où j’ai eu l’occasion de rencontrer habitant·es, élu·es, syndicalistes, responsables d’administration, tous et toutes mobilisé·es pour faire face aux nombreuses problématiques auxquelles la population doit faire face.
La dernière crise en date est celle des algues sargasses qui rejettent des gaz toxiques dangereux pour la santé et menacent les fonds marins et l’économie locale. C’est un phénomène saisonnier, et donc prévisible, qui a, cette année, commencé en février dernier. Mais ce n’est qu’il y a quelques semaines, en juin, que le Ministre Hulot s’est enfin déplacé sur les lieux et a annoncé un plan de 10 millions. Ce plan qui soulagera au moins un peu la situation ne prévoit que des mesurettes pour gérer l’urgence.
Je pourrais également parler de la situation de l’accès à l’eau. Il n’y a pas d’eau potable en continu sur le territoire de la Guadeloupe, ce territoire français. Les coupures d’eau sont journalières du fait d’un système de distribution défectueux, par endroits jamais rénové depuis sa mise en place il y a 60 ans. De l’eau marronâtre sortant des robinets, des enfants ne pouvant pas se laver avant d’aller à l’école, des procédures médicales impossibles à réaliser, des maladies qui se développent …
Enfin, il me faut mentionner le scandale du chlordécone : interdit dans toute la France en 1990 SAUF aux Antilles, par dérogation. 95% des guadeloupéens et guadeloupéennes sont contaminé·es, 18,7 % des enfants de 3 à 15 ans vivant dans les zones touchées sont exposés à des niveaux supérieurs à la valeur toxicologique de référence. Le sol des Antilles est maintenant contaminé pour 700 ans du fait de choix politiques qui ont laissé les paysans utilisé à main nue ce perturbateur endocrinien.
Face à cela, les infrastructures de santé ne sont pas à la hauteur.
En 2014 déjà la Cour des Comptes signalait dans un rapport la situation sanitaire alarmante. En 2017, la CNCDH alertait de nouveau sur les inégalités de santé, pointant du doigt la mortalité infantile et pré-natale très élevées en Guadeloupe et le taux de cancers de la prostate beaucoup plus élevés qu’en moyenne. Il y a en Guadeloupe 66 généralistes pour 100 000 habitant·es, contre une moyenne nationale de 100 pour 100 000 habitant·es.
Depuis l’incendie du CHU en novembre dernier, la prise en charge s’est encore dégradée : seules les extrêmes urgences sont prises en charge, l’accueil se faisant sous deux tentes sur un parking ; les nouveaux-nés doivent être déplacés d’un lieu à un autre sur des routes accidentées, au détriment de leurs santés, certains soins se font dans des tentes. Les droits de retraits ou démissions de personnels ne tenant plus dans ces conditions de travail sont nombreux. Et ce n’est pas l’annonce de l’ARS d’une délocalisation totale des services qui va rassurer les usagers et le personnel, déjà soumis depuis des mois à rude épreuve et dont je tiens ici à saluer le grand professionnalisme, l’extrême dévouement et le sens du service public.
Face aux urgence à répétition, les réponses à retardement ne sont pas à la hauteur et ne suffisent plus.
Madame la ministre des Outre-mer, comment comptez pouvoir répondre de manière globale, structurelle et pérenne à la grave situation sanitaire que connaît aujourd’hui la Guadeloupe ?
Danièle OBONO
Députée de Paris – 17e circonscription
La France insoumise
Politique de confidentialité – Mentions légales
À l’Assemblée
Palais Bourbon
126 rue de l’Université, 75007 Paris
Téléphone : 01 40 63 61 08
Courriel : daniele.obono@assemblee-nationale.fr
En circonscription
Local parlementaire (sur rendez-vous)
09 61 68 60 35 – contact@deputee-obono.fr
Permanences en mairie
-
18e (1 place Jules Joffrin) : mardi 14h-16h
-
19e (5-7 place Armand Carrel) : jeudi 10h-12h