200921 Rassemblement des facs et labos en lutte contre la LPPR

Université et recherche – Mobilisation : les facs et les labos en lutte disent non à la LPPR

 

Gilles Martinet et Marie Sonnette expliquent les raisons du rassemblement des facs et labos en lutte, lundi 21 septembre 2020, devant l’Assemblée nationale, contre le projet de loi de programmation de la recherche (LPPR)

Les universités françaises sont dans un mauvais état. L’ensemble des personnels le dit depuis des années. Contrats précaires pour les jeunes chercheur∙euses, baisse continue de l’encadrement pour les étudiant∙es, bâtiments vétustes, système de sélection de plus en plus inégalitaires: avant même le projet de loi de programmation pluri-annuelle de la recherche (LPPR), dont l’examen a débuté en séance lundi 21 septembre 2020 à l’Assemblée, les universités avaient déjà subi plusieurs attaques qui les avaient grandement affaiblies. C’est après le vote de la loi LRU en 2007, sous Nicolas Sarkozy, qu’on a commencé, en France, à parler d’“Université en faillite”.
Deux ans après, le budget des universités n’est plus lié aux nombres d’étudiant∙es comme sous le système précédent dit “San Remo”. “La Cour des comptes alerte régulièrement sur ce phénomène, à l’œuvre dès la mise en route de la loi LRU. Avec l’autonomie budgétaire, les universités se sont retrouvées à devoir gérer seules le personnel. Or, la dotation que leur attribue l’État fait abstraction de l’évolution du coût de la masse salariale, ce qu’on appelle le « glissement vieillesse technicité ». Les personnels fonctionnaires des universités gagnent en échelon en vieillissant. Ils « coûtent » donc plus cher au fur et à mesure des années. L’État ne compense plus ces frais en augmentation. Ce qui provoque mécaniquement un trou dans les finances des établissements.”

Pour répondre aux pressions budgétaires toujours plus grandes qui s’exercent à leur encontre, les Universités ont commencé à rogner sur tout ce qui pouvait être diminué. Le taux d’encadrement par étudiants s’est effondré dans les universités depuis 2012, passant d’un peu plus de 4,5 enseignant∙es par étudiant∙e à moins de 4,2 en 2018. Et puisque les postes de titulaires coûtent cher, cet encadrement revient de plus en plus à des personnes vacataires, à temps partiel et payé 26 centimes en dessous du SMIC.

(Plus d’informations avec ce super fil Twitter de Marie Sonnette)

La crise sanitaire a fait prendre conscience au grand nombre de l’importance de la recherche pour inventer le monde de demain, lutter contre d’éventuelles pandémie et permettre la bifurcation écologique. Aux antipodes de cette prise de conscience, la loi de programmation pluriannuelle de la Recherche (LPPR) vient mettre à terre un édifice qui ne tenait jusque là que grâce à la motivation des personnels et la persévérance des étudiant∙es. La LPPR va encore renforcer les inégalités de financement entre universités en les privatisant toujours plus : elle va mettre en place un financement via des appels à projets. Les chercheurs∙ses consacreront de plus en plus de temps à chercher des financements pour des projets qui devront se contorsionner pour répondre à des exigences externes, souvent d’entreprises privées.

Ce n’est pas du tout la manière dont fonctionne la recherche, le plus souvent, l’intérêt humain, écologique, sociale ou écologique d’une recherche n’apparaît que parce qu’elle a été menée et non en amont de celle-ci. Cela revient à renverser totalement le fonctionnement scientifique et à ne financer que ce que lorsqu’on saura ce qu’on trouve. Ce n’est plus de la Recherche. Or c’est bien de cela dont nous avons aujourd’hui urgemment besoin, c’est la recherche fondamentale qui est mobilisée sur le Covid19, c’est l’inventivité et le travail de longue haleine qui est nécessaire pour trouver des solutions durables à une pandémie qui nous invite à repenser en profondeur comment nous faisons société. Le financement par projets va également conduire à invisibiliser de nombreux éléments du travail de recherche et d’enseignement qui ne sont pas comptabilisables. C’est ce qui a été fait dans les hôpitaux avec la tarification à l’acte, avec les résultats catastrophiques que l’on sait.

Soyons solidaires des personnels et étudiant∙es qui se mobilisent contre ce funeste projet !
À LIRE ÉGALEMENT
La loi de programmation de la recherche (LPPR) est tout le contraire de ce que nous voulons”, Cendrine Berger (secrétaire de la CGT FERC Sup), Hendrik Davi (secrétaire de la CGT INRAE) et Josiane Tack (secrétaire du SNTRS-CGT), 24/06/20

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