Gilles Martinet et Marie Sonnette expliquent les raisons du rassemblement des facs et labos en lutte, lundi 21 septembre 2020, devant l’Assemblée nationale, contre le projet de loi de programmation de la recherche (LPPR)
Pour répondre aux pressions budgétaires toujours plus grandes qui s’exercent à leur encontre, les Universités ont commencé à rogner sur tout ce qui pouvait être diminué. Le taux d’encadrement par étudiants s’est effondré dans les universités depuis 2012, passant d’un peu plus de 4,5 enseignant∙es par étudiant∙e à moins de 4,2 en 2018. Et puisque les postes de titulaires coûtent cher, cet encadrement revient de plus en plus à des personnes vacataires, à temps partiel et payé 26 centimes en dessous du SMIC.
(Plus d’informations avec ce super fil Twitter de Marie Sonnette)
La crise sanitaire a fait prendre conscience au grand nombre de l’importance de la recherche pour inventer le monde de demain, lutter contre d’éventuelles pandémie et permettre la bifurcation écologique. Aux antipodes de cette prise de conscience, la loi de programmation pluriannuelle de la Recherche (LPPR) vient mettre à terre un édifice qui ne tenait jusque là que grâce à la motivation des personnels et la persévérance des étudiant∙es. La LPPR va encore renforcer les inégalités de financement entre universités en les privatisant toujours plus : elle va mettre en place un financement via des appels à projets. Les chercheurs∙ses consacreront de plus en plus de temps à chercher des financements pour des projets qui devront se contorsionner pour répondre à des exigences externes, souvent d’entreprises privées.
Ce n’est pas du tout la manière dont fonctionne la recherche, le plus souvent, l’intérêt humain, écologique, sociale ou écologique d’une recherche n’apparaît que parce qu’elle a été menée et non en amont de celle-ci. Cela revient à renverser totalement le fonctionnement scientifique et à ne financer que ce que lorsqu’on saura ce qu’on trouve. Ce n’est plus de la Recherche. Or c’est bien de cela dont nous avons aujourd’hui urgemment besoin, c’est la recherche fondamentale qui est mobilisée sur le Covid19, c’est l’inventivité et le travail de longue haleine qui est nécessaire pour trouver des solutions durables à une pandémie qui nous invite à repenser en profondeur comment nous faisons société. Le financement par projets va également conduire à invisibiliser de nombreux éléments du travail de recherche et d’enseignement qui ne sont pas comptabilisables. C’est ce qui a été fait dans les hôpitaux avec la tarification à l’acte, avec les résultats catastrophiques que l’on sait.