Par Danièle OBONO, députée de Paris, membre du groupe parlementaire de La France insoumise à l’Assemblée nationale
Les enfants sont les principales victimes de violences sexuelles (lire notamment https://www.memoiretraumatique.org/…/2019-Rapport-d-enquete…).
– Chaque année 130 000 filles et 35 000 garçons subissent viols et tentatives de viols.
– Une fille sur cinq et un garçon sur treize en sont victimes.
– 81% de l’ensemble des violences sexuelles débutent avant 18 ans, 51% avant 11 ans, 21% avant 6 ans.
Ni la société, ni les institutions ne sont à la hauteur face à ces crimes.
– Pour plus des deux tiers des victimes, le fait d’avoir parlé n’a entraîné aucune conséquence.
– Leur prise en charge médico-psychologique est notoirement insuffisante, tout comme la protection judiciaire.
Gabriel Matzneff, directement mis en cause aujourd’hui par Vanessa Springora, qui a subi ses abus à l’âge de 14 ans, n’a jamais été inquiété par la justice. Non seulement, mais il a été encensé et célébré pendant des décennies pour avoir écrit des livres où il glorifiait ses crimes. En 2013 il reçoit même le prix Renaudot essai qu’il considère comme une récompense pour l’“ensemble de son oeuvre”. Les voix, des associations, des femmes et féministes notamment, qui dénoncent ces complicités sont tout bonnement ignorées. (“Renaudot essai à Gabriel Matzneff: le scandale n’aura pas lieu”, Charlotte Pudlowski, Slate, 12 novembre 2013, http://www.slate.fr/…/79903/renaudot-essai-scandale-matzneff)
Le silence, l’impunité sont les meilleures armes des prédateur·trices sexuel·les. Il faut y mettre un terme.
En 2018, lors des débats sur la loi censée lutter contre les violences sexuelles et sexistes, les ministres et député·es de La République en marche ont rejeté tous les amendements soutenus par les autres groupes sur la présomption simple de non consentement, qui, en renversant la charge de la preuve en faveur des enfants victimes de violences sexuelles, constitue un progrès du droit. (Lire ici le compte-rendu des débats sur le sujet : http://www.assemblee-nationale.fr/…/cri/2017-…/20180212.asp… ; et cet article de l’avocate Carine Durrieu Diebolt qui résume pourquoi la loi Schiappa a été un coup (de com’) pour rien : https://www.village-justice.com/…/pourquoi-article-loi-schi…)
Fin 2019, nous avons repris cette mesure dans une proposition de loi soutenue par des député·es de plusieurs groupes : http://www.assemblee-nationale.fr/…/propositio…/pion2530.asp.
En 2020, le gouvernement d’Édouard Philippe, et notamment Nicole Belloubet, ministre de la Justice, Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, et Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de la mise en place de la stratégie pour la protection de l’enfance auprès d’ Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, et les député·es LaREM soutiendront-elles et ils enfin cette proposition ?