Le film “Basta Capital”, en salle le 22 janvier, est un précis d’insurrection générale. Par Brune SEBAN, collaboratrice parlementaire et cinéphile révolutionnaire
Tout commence par une idée bête et méchante (“c’est tout simple, et c’est pour ça que ça va marcher” lance Bart, le capitaine de la bande) : kidnapper les patrons du CAC 40 pour imposer la mise en place de mesures anticapitalistes. Et c’est ce qui fait de “Basta Capital” un film assez jouissif, il faut l’avouer.
Voir Vincent Bolloré et Bernard Arnault au travail à la chaîne (dans des conditions, sans doute bien moins infernales que la plupart des salarié∙es de leurs entreprises, ceci dit). Entendre Macron faire son mea culpa et annoncer la sortie du capitalisme. Se laisser aller à imaginer que ça ferait, en vrai, si nos idées pour l’écologie, la justice sociale, l’égalité étaient appliquées. S’en donner le droit pendant 1h35, ça fait déjà tellement du bien et ça recharge tellement les forces qu’il mériterait d’être vu rien que pour ça.
Une oeuvre cinématographique
Mais c’est aussi un moment de cinéma bluffant, parce que le synopsis paraît casse-gueule, mais que le film tient cinématographiquement la route. Les actrices et acteurs sont très bon∙nes et portent le film tout le long, écartant la moindre velléité de notre rationalisme de contester la vraisemblance de ce qui se passe à l’écran par l’attachement qu’elles et ils suscitent et la force de leur jeu.
Il faut dire que Bart, Lise, Edgar, Ines, Gengo, Archie, Francesca sont drôles, touchant∙es, agaçant∙es, comme le sont les camarades. Leurs débats sur les modes d’actions, sur ce qu’est la violence et la lâcheté, sur la révolution, on les a tous∙tes eus. Leurs émotions, leur détermination, leurs doutes, on les connaît. On se reconnait immédiatement, non pas en l’une ou l’autre, mais dans ces âmes de la gauche qu’elles et ils et incarnent.
Outil de débat et d’actions
Ce film pose également énormément de questions. Sur quel pourrait être le rôle d’une petite minorité déterminée dans des changements sociaux structurels ; sur ce que la lutte nous fait, humainement ; sur ce que c’est que la haine de classe ; et est-ce que les grands patrons sont conscients de ce qu’ils produisent comme dévastation, souffrance et morts (je laisse ici le masculin exprès, car ce sont tous des hommes, blancs, la soixantaine).
C’est enfin un film dont on a envie de parler et le réalisateur Pierre Zellner le dit clairement : c’est le but. Qu’on débatte oui mais de ce qu’il faut faire, pas de ce qui ne va pas, parce que ça on le sait. « On passe des heures à discuter du capitalisme, on a produit des kilomètres d’analyses. Il est temps de parler d’action, de stratégie, de modalités » disait-il, en substance, dans le débat qui a suivi notre projection à l’Assemblée nationale.
Il faut le voir pour le croire !
Voilà : un film qui donne envie débattre, de se battre, de se lancer, de continuer, collectivement, pour changer le monde, sans réduire la lutte à l’action d’une petite minorité aussi déterminée soit-elle. Mais on ne va pas raconter toute l’histoire, il faut le voir.
Alors n’hésitez pas à contacter l’équipe de production pour organiser une projection-débat en avant-première comme celles répertoriées sur la page Facebook du film : https://www.facebook.com/bastacapital/. Et rendez-vous dans les salles en novembre prochain !
“Basta Capital” (2020), un film de Pierre Zellner. Avec Jean-Jacques Vanier, Anne-Laure Gruet, Clarisse Lhoni-Botte, Archibald Smith, Antoine Jouanolou, Emmanuel Menard, Christine Gagnepain Georges Brouard-Daudignon, Olivier Pages, Zaire Souchi, Judith Bernard, Olivier Wittner, Loïc Riewer, Benjamin Gasquet, Caroline Gay, Jérôme Albinet, la participation de Guillaume Meurice & Charline Vanhoenacker, et… Danièle Obono ! 😉