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Courrier – Crack : il faut un plan d’action globale

Paris, le 27 septembre 2023

Messieurs les Préfets, madame la Maire, madame la Directrice générale, 

Il y a un an, la scène ouverte de consommation de crack du square Forceval était évacuée. S’il est indéniable que ce démantèlement était souhaitable, une grande majorité d’acteur·trices concerné·es insistaient à cette époque sur la nécessité de l’accompagner d’un plan conséquent qui allie prise en charge sanitaire et sociale globale et lutte contre le trafic. Nous sommes aujourd’hui au regret de constater que cet appel n’a pas été entendu. 

En effet, la promesse faite aux citoyen·nes du Nord-Est parisien de renouer avec la tranquillité publique n’est pas tenue. Si le campement en tant que tel ne s’est pas reconstitué, nous constatons la formation de scènes de consommation à ciel ouvert (quartier Rosa Parks et Pont de Flandre dans le 19e, jardin d’Eole, porte de la Chapelle et porte de Clignancourt dans le 18e, porte de la Villette à Pantin et Aubervilliers), et les alertes de mises en danger et les épisodes de violences se multiplient sur l’ensemble du territoire. 

D’une part, la cohabitation avec les usager·es de drogues, qui n’ont de fait pas disparu, entraîne des difficultés et des nuisances quotidiennes pour les riverain·es. D’autre part, la mort violente d’un usager de crack il y a 15 jours, nous rappelle la mesure des risques, non seulement pour les riverain·es, mais aussi et surtout pour les usagers et usagères premier·es concerné·es. 

Lors d’une conférence de presse, le 20 juillet dernier, vous vous félicitiez des résultats d’un dispositif policier conséquent qui mobilise tous les jours entre 100 et 600 policiers et policières. Nous nous interrogeons sur la pertinence et l’efficacité d’une politique déséquilibrée, où le plus gros de l’effort porte sur des mesures répressives au détriment du sanitaire et social pourtant essentiels. Les millions d’euros dépensés en présence policière le seront à fonds perdus, tant que les dispositifs de prévention et d’accompagnement sanitaire et social ne seront pas à la hauteur des besoins. 

Or, les récentes annonces faites sur le volet médico-social sont bien loin des demandes qui avaient été portées il y a un an par les professionnel·les, chercheur·euses et habitant·es : l’ouverture de 6 nouveaux lieux de repos et de 4 haltes soin addiction ; une offre d’hébergement et de logement diversifiée qui puisse s’adapter aux différents besoins des usager·es, une réflexion de fond sur la prise en charge psychiatrique, du personnel médico-social supplémentaire ce qui implique revalorisation salariale et évolution statutaire.  

Au-delà de l’absence de réponse médico-sociale digne de ce nom, de nombreux·euses acteurs·rices s’inquiètent de l’évolution de la méthode de travail. Malgré les appels, elle ne tend pas vers une large concertation, préalable pourtant indispensable à l’élaboration et à la réussite de politiques publiques en la matière. Comme nous vous l’écrivions il y a un an : “il importe que l’État renoue le dialogue avec les riverains concernés, avec les acteurs associatifs, avec les élus, ignorés et malmenés au cours des dernières années”. Ce n’est malheureusement pas ce que nous indiquent les remontées de terrain, ni même notre propre expérience d’élu·es et nous le regrettons. 

Dans quelques semaines, la discussion sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale sera, comme vous le savez, une nouvelle occasion d’apporter les moyens nécessaires à la résolution de cette situation qui n’a que trop duré et qui peut être résolue. Cette occasion ne peut être manquée. Aussi, nous réitérons notre demande de mise en place d’un cadre qui permette le dialogue nécessaire à la mise en place d’une politique publique de moyen et long terme à même d’apporter des solutions dignes pour l’ensemble des usager·es, habitant·es et professionnel·les concerné·es. 

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, messieurs les Préfets, madame la Maire, madame la Directrice générale, l’expression de notre plus haute considération républicaine.

Aymeric CARON – Députée LFI de Paris

Bastien LACHAUD – Député LFI de Seine-Saint-Denis

Sarah LEGRAIN – Députée LFI de Paris

Danièle OBONO – Députée LFI de Paris

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