Communiqué de Danièle Obono, Eric Coquerel et Mathilde Panot
Nous étions présent·es ce matin lors de la nouvelle évacuation de campements qui a eu lieu dans le nord-est parisien. Alors que le jour n’était pas levé, de la porte de la Chapelle en remontant jusqu’à Saint-Denis, près de 1200 personnes dont au moins 250 personnes en famille, ont été emmenées, beaucoup vers des gymnases, un peu vers des centres d’hébergement.
Si l’on ne peut qu’être soulagé que ces personnes soient temporairement mises à l’abri, la partialité des mesures (les associations ayant évalué à 3000 personnes le nombre de primo-migrant·es sans abri dans cette zone) et l’absence de solutions durables proposées (aucune information claire n’a été donnée aux personnes ni aucune garantie de la pérennité des hébergements), nous interrogent sur la cohérence de toute cette opération.
Nous craignons que ces mises à l’abri, arrivant après que les personnes ont été abandonnées dans le plus grand dénuement pendant des mois, faites en l’attente de l’examen de la situation administrative des personnes, et s’effectuant au coup par coup, ne soient en réalité qu’une nouvelle expression du mauvais accueil infligé aux populations migrantes.
Les annonces, hier midi, du Premier ministre sur un énième durcissement des dispositifs d’accueil, le vote, hier soir, d’un budget de la mission “Asile, immigration et intégration” bien en-deçà des besoins exprimés, et celui, ce midi, de la baisse de l’aide médicale d’Etat (AME), inscrivent cette évacuation dans une stratégie de communication qui instrumentalise la question migratoire à des fins électoralistes et perpétue les violences contre les migrant·es.
Nous restons donc inquiet·es et demeurons vigilant·es sur les suites qui seront données à cette opération. Une politique d’accueil digne, humaniste, solidaire, raisonnée et réaliste, est non seulement urgente mais possible. Et nous continuerons à nous battre pour la faire advenir.