Question orale – Justice
Mettre fin à la déshérence sanitaire dans les prisons
17 avril 2018
« Madame la Ministre,
Vingt-quatre ans après la réforme de la santé en prison, il apparaît que de nombreux dysfonctionnements (parfois très graves) persistent ou se sont intensifiés. A cela s’ajoute l’accroissement continu de la population incarcérée.
Si le récent mouvement des personnels de surveillance des prisons a fait connaître au grand public sur leur situation particulière, elles et ils ne sont pas les seul·e·s à alerter sur la profonde dégradation des conditions de travail et de vie en prison, et notamment sur la question de la santé.
Et je ne vous parle pas là seulement de l’hygiène impossible avec la douche hebdomadaire, des invasions de nuisibles, rats, puces, poux, punaises ou de la vétusté du bâti, qui a conduit à ce que plusieurs plaintes soient déposées contre la France, pour traitement dégradant, jusqu’à la Haute cour de justice.
Je vous parle de la santé physiologique où le ou la surveillante et les antalgiques remplacent des personnels spécialisés qui croulent sous le nombre des patient·e·s et pathologies, menant une médecine d’urgence dans des conditions d’exercice insupportables.
Je vous parle de la santé mentale, quasiment absente des programmes de formation des surveillant·e·s, jugez-en : 6h sur l’ensemble du cursus. Des agent·e·s démuni·e·s alors qu’en première ligne des accès de démence qui sont autant d’insécurité et cause de tant d’agressions entre détenus et en direction des personnels.
Un rapide rappel des chiffres qui sont parlants : 20% des personnes incarcérées sont atteintes de troubles psychotiques, 8 hommes détenus sur 10 présentent au moins un trouble psychiatrique.
Je vous parle enfin de l’absence de protocole dans la lutte contre la dite “radicalisation” en milieu carcéral, alors que vous vous apprêtez à ouvrir 1 500 places « étanches » à l’attention de ces détenus. Alors que les binômes éducateurs-agents de probation intervenant au sein des QER (quartiers d’évaluation de la radicalisation) n’ont à ce jour aucune formation psychologique ou clinique, et interviennent trop souvent sans concertation avec les équipes médicales.
Je voudrais aujourd’hui avant tout porter ici la voix de tous ces personnels qui portent une mission indispensable de service public, parmi les plus difficiles et les moins gratifiantes.
Et je veux également réaffirmer la dignité à laquelle chaque citoyenne et chaque citoyen a droit au sein de notre République, ce qui inclut les personnes en détention.
Ma question sera donc simple : que comptez-vous faire concrètement, Madame la Ministre, pour mettre un terme à la déshérence sanitaire qui règne au sein de nos prisons.
Je vous remercie. »
Danièle OBONO
Députée de Paris – 17e circonscription
La France insoumise
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