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Note de lecture – Egalité : de quoi l’islamophobie est-elle le nom ?

Note de lecture – Egalité :

de quoi l’islamophobie est-elle le nom ?

08 novembre 2019

Trois ouvrages et un dossier, parmi tant d’autres possibles, pour faire un pas en arrière, retrouver du souffle, reprendre des forces intellectuelles. Par Brune SEBAN, collaboratrice parlementaire.

D’abord un livre qui date de quelques années maintenant. Dans Les filles voilées parlent, Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian ont fait en 2008 quelque chose que (presque) personne n’a refait depuis : recueillir les témoignages de ces femmes dont on parle beaucoup mais qu’on entend pas sur les plateaux télés, les femmes qui ont décidé de porter un voile. Les âges, profils, tons, parcours, humeurs, combats militants ou pas sont si différents qu’on en revient heureusement à se souvenir que « la femme voilée » n’existe pas (comme « la femme », d’ailleurs). Ce qui existe, par contre, c’est l’impossibilité dans les faits sinon dans la loi d’exercer un métier, de se présenter à une élection, ou parfois juste de passer une journée tranquille. Voilà ce que disent ces témoignages, et c’était déjà il y a dix ans… : http://lmsi.net/Les-filles-voilees-parlent-732.

Plus récemment, dans Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman», Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font le tour, de façon détaillée, de la question politique que recouvre ce terme. Ils ne délaissent pas la polémique sémantique et les débats qu’ont provoqué ce terme certes imparfait (comme le sont par ailleurs homophobie ou antisémitisme, rappellent les auteurs) mais utilisé par les personnes concernées, intellectuel∙les, institutions internationales et militant∙es antiracistes un peu partout dans le monde. Toutefois il s’agit surtout de donner la définition qui permette à tout le monde de se battre contre une réalité odieuse. Cette réalité, ce sont les discriminations vécues par les musulman∙es que les auteurs détaillent aussi en nous donnant les outils et données statistiques disponibles pour “objectiver l’existence de discours et d’actes islamophobes”. Mais le cœur de leur réflexion, c’est ce qu’ils appellent la construction du « problème musulman » et du « problème de l’immigration », et comment la gauche a accepté cette construction, entre autres faute de pouvoir se distinguer par un programme économique, puisqu’elle a embrassé le néo libéralisme. C’est ce vers quoi nous pousse à réfléchir la plongée dans l’histoire des représentations de l’Islam dans l’histoire du racisme colonial, son articulation avec l’antisémitisme, puis le retour aux divisions persistantes au sein des mouvements antiracistes et féministes français.

Repartir de l’histoire coloniale française, Olivier le Cour Grandmaison nous y entraîne encore plus en profondeur avec Ennemis mortels – Représentations de l’islam et politiques “musulmanes” en France à l’époque coloniale, paru cette année. Il faut regarder en face cette histoire coloniale, la déshumanisation, les humiliations, violations, destructions volontaires destinées à briser des populations, tant physiquement que moralement. Se souvenir que notre pays vient aussi de cette histoire. Se regarder tous et toutes dans les yeux, comme le dit récemment Adèle Haenel sur un tout autre sujet, pour comprendre comment on en est arrivé là et se mettre à réparer ce qui a été abîmé.

Notre camp, celui des progressistes, des combattant∙es pour une justice sociale, est devant un enjeu crucial. S’il accepte que l’islam et l’immigration sont un problème et qu’on débat « mauvaises solutions de la droite ou l’extrême droite », s’il considère comme acceptable d’appliquer un « régime d’exception », de faire des lois spécifiques pour une minorité de nos concitoyen∙nes désigné∙es par leur religion et déshumanisées, qu’il s’échine juste à participer à la définition des périmètres de ces lois, il se déplace sur le terrain de ses ennemis, il a déjà perdu.

Ces thématiques, et tellement d’autres encore (les enjeux politiques, la laïcité de 1905, la question du “burkini”, le féminisme, le concept de racisme d’Etat…), se retrouvent dans le très bon dossier spécial sur l’islamophobie de la revue Contretemps, d’octobre 2019, en accès libre. Des références de lectures utiles, urgentes, pour mieux comprendre et surtout agir. “C’est là une tâche centrale de la période historique qui est la nôtre : pour contrer l’autoritarisme d’État et les interventions impérialistes (qui se légitiment au prétexte de la lutte contre la « radicalisation islamiste »), pour faire reculer le racisme sous toutes ses formes (car à travers l’islamophobie se diffuse une tendance à la déshumanisation qui prend et prendra pour cible non seulement les musulman·e·s mais toutes les minorités), pour affronter la montée du fascisme (dont les succès se construisent en partie, dans les pays occidentaux notamment, sur la haine de l’islam et des musulman·e·s).

 

Bibliographie

Les filles voilées parlent, Ismahane CHOUDER, Malika LATRECHE, Pierre TEVANIAN, 2008, La Fabrique, 330 p., 18€

Islamophobie – Comment les élites françaises fabriquent le “problème musulman”, Abdellali HAJJAT, Marwan MOHAMMED, 2013, La découverte, 326 p., 11

Ennemis mortels – Représentations de l’islam et politiques “musulmanes” en France à l’époque coloniale, Olivier LE COUR GRANDMAISON, 2019, La découverte, 296 p., 23

Dossier spécial sur l’islamophobie de la revue Contretemps, octobre 2019, accès libre : https://www.contretemps.eu/dossier-islamophobie/

 

Danièle Obono

Députée de Paris 

17e circonscription

La France insoumise

 

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